Maternités françaises : proximité ou sécurité?
Mot d’humeur du président du CNGOF Patrick Rozenberg
Les députés ont choisi pour nos patientes, nos compagnes, nos filles: la proximité. Mais les faits sont tétus: en France une femme meure tous les 3-4 jours parce qu’elle a été enceinte. En proposant un moratoire de 3 ans, nous pouvons être certains de la pérennité de cet échec sociétal. La mortalité maternelle n’a pas diminué de façon significative depuis 20 ans alors comment pourrait-elle diminuer si nous ne changeons rien dans les 3 ans à venir ?
Parmi les 8 pays européens dotés de systèmes renforcés pour la surveillance de la mortalité maternelle (Danemark, Finlande, France, Italie, Norvège, Pays-Bas, Royaume-Uni et Slovaquie), la France ne se situe malheureusement qu’au 5ème rang: la mortalité maternelle à 42 jours y est de 8,5 pour 100.000 naissances alors qu’au Danemark (pays dont la mortalité maternelle est la plus faible), ce taux n’est que de 3,4 pour 100.000 naissances, soit 2 à 3 fois plus faible qu’en France. Et pire, en France, les enquêtes sur la mortalité maternelle rapportent une évitabilité globale de ces décès maternels estimée à au moins à 70%.
Le plus intéressant est que depuis les années 1990, le nombre de services de maternité au Danemark a diminué de moitié au fil des ans en raison de la centralisation des services de santé, visant à concentrer les ressources pour améliorer la qualité des soins. N’y a t’il pas un exemple à suivre ?
A défaut de pouvoir démontrer que concentrer les ressources pour améliorer la qualité des soins permet de réduire la mortalité néonatale puisqu’en France il n’existe aucun registre national néonatal, tirons les leçons des enquêtes sur la mortalité maternelle. Ce qui est bon pour nos mères l’est certainement pour nos enfants…Mais d’ailleurs, sommes-nous sûrs que les femmes préfèrent la proximité à la sécurité ?
Patrick Rozenberg, Président CNGOF